Safrane Chu #1
Après 60 numéros d’excellente tenue, mais 60 numéros tout de même, on avait le sentiment d’avoir eu notre comptant de Tony Chu, le détective cannibale créé par John Layman et Robert Guillory. Layman remet pourtant volontiers le couvert, puisqu’après un crossover en trois épisodes avec une autre de ses créations Outer Darkness, il nous sert cette fois-ci un spin-off consacré à une des nombreuses soeurs de Tony, Safrane. Dans la riche fratrie Chu, elle, c’est la mauvaise graine. La braqueuse aux mauvaises fréquentations.
Après le polar sur fond de pandémie alimentaire mondiale (une crise aviaire a privé le monde de viande de poulet, l’EN-FER), Layman repart donc escalader sa « poulitique-fiction » par la face film de casse. Soit un Ocean’s Eleven avec des personnages dotés de super-pouvoirs gustatifs. Il y a pire comme menu. Côté pouvoirs, Safrane n’est pas la dernière. Si son frère est un cibopathe, elle est elle-même une « ciboparse », même si Layman n’en abuse pas vraiment. D’ailleurs, on n’est pas bien sûr d’avoir compris le concept de ciboparse. Peu importe.
Ce qui intéresse le scénariste, c’est l’action et la dynamique familiale avec la soeur jumelle, Pépé coriace, et bien sûr le grand frère Tony, avec qui la tension sera à son comble, chacun campé d’un côté de la loi. Tony est d’ailleurs beaucoup plus présent que le titre français ne le laisserait imaginer. Autant qu’un spin-off, cet album est ainsi un prequel à la série originale. Il se déroule juste au moment de l’éclosion de la pandémie dans un monde où l’on cuisine encore le poulet, mais où les consommateurs de fried chicken, de basquaise ou de tandoori commencent à montrer des signes d’intoxication mortelle. On découvrira par exemple la rencontre entre Tony et son coéquipier John Colby. Les fans se régaleront de ces easter eggs (en chocolat), mais ceux qui ne connaissent pas trop l’univers de cette BD auront de quoi se mettre sous la dent.
Les aventures de Safrane n’ont rien à envier à celles de son grand frère pour ce qui est du rythme et de l’humour, et quand le chef Layman, aux fourneaux, s’amuse, on sort rarement déçu du restaurant. Conservant tous les ingrédients qui ont fait le succès de l’original en changeant suffisamment l’assaisonnement (à l’image du dessin de Dan Boultwood très respectueux des arrondis cartoon de Rob Guillory en apportant sa touche), le scénariste ne nous sert pas du réchauffé mais ajoute à la carte un nouveau plat-signature à commander les yeux fermés.
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