Salon Dolorès & Gérard
Michel traîne sa carcasse de grand ado attardé de 19 ans jusqu’à un salon de coiffure coincé dans une cité pas très gaie. Pas pour faire couper ses cheveux longs qui lui valent le surnom de Nirvana, mais pour y faire son apprentissage. Là, auprès de l’expérimentée Carole et des petites mamies du quartier, il ne va pas seulement apprendre à faire une mise en pli : il va aussi découvrir ce que veulent les filles et comment trouver le courage de leur parler.
Pour son premier album, Sylvain Cabot propose une histoire sans prétention sur la fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte, en même temps qu’un hommage tendre au petit commerce. Sans se moquer, mais sans être angélique non plus, il brosse le portrait d’un salon de coiffure à l’ancienne, qui chouchoute les anciennes et met le pied à l’étrier d’un grand garçon peinant à sortir de l’enfance. On le voit grandir, nouer des amitiés, oser parler, danser, se projeter dans l’avenir. C’est finalement rare, dans la fiction et la bande dessinée en particulier, de suivre un personnage aussi simple et banal, sans velléités héroïques ni quête hors norme. Même son éducation sexuelle, loin d’Internet et d’un dépucelage torride, paraît douce, maladroite et, donc, réaliste. Le dessin, léger et aux rondeurs agréables, gagnerait à davantage de densité et d’originalité, mais le sens du cadrage, du mouvement et des expressions du jeune auteur – qui évoque un peu le travail de Grégory Mardon – est réel et prometteur. Une très bonne surprise que cette comédie simple et attachante.
Publiez un commentaire