Sang neuf
Tout le monde a un souvenir assez précis et plus ou moins douloureux du printemps 2020, épidémie oblige. Jean-Chistophe Chauzy n’a pas vécu exactement le même temps suspendu que celui de ses compatriotes. Lui, quand tout le monde se confine chez lui, est contraint de se cloîtrer à l’hôpital, en chambre stérile. Sa vie est en jeu encore plus qu’un autre, puisqu’on vient de lui diagnostiquer une myélofibrose, un cancer rare de la moelle épinière. Heureusement, Corinne, sa sœur, est une donneuse de compatible, et il va pouvoir tenter la seule intervention qui pourrait le sauver : la greffe.
Auteur aux quelque 36 années de carrière, Jean-Christophe Chauzy s’est souvent tourné vers la fiction et s’est rarement livré en bandes dessinées. Mais il y a parfois des coups du destin qui changent une vie à jamais, et qui sont de ceux qui semblent importants de raconter pour représenter tout un parcours du combattant. Afin de s’en sortir vivant, pour mettre un terme à un parcours médical, mais aussi, tout simplement, pour témoigner.
L’exercice de la biographie pathologique est certainement l’un des plus difficiles tant il est aisé de tomber dans le nombrilisme, le misérabilisme ou la redite. Heureusement, l’auteur en a conscience et parvient à faire de son histoire personnelle un témoignage qui respire l’humilité et auquel on adhère sans réserve. On suit donc avec lui ses différents déboires personnels et médicaux avec la boule au ventre.
Sans jamais trop en faire, mais avec quelques longueurs, Jean-Christophe Chauzy réussit à nous faire cheminer dans son esprit et dans ses douleurs sans pour autant nous écraser de pathos. Son choix de couleurs, noir et sang, fait sens, tout comme ses représentations intimes, qu’elles soient physiques ou psychiques. Et, malgré la dureté du propos et de la maladie, on ressort de cette lecture avec l’esprit positif et l’impression d’avoir rencontré un auteur qui se cachait jusque-là derrière l’imaginaire.
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