Savage
Connu en France pour son association avec Olivier Ledroit (Requiem, Chevalier vampire), Pat Mills est au Royaume-Uni une légende. Fondateur du magazine de comics de référence 2000 AD et éditeur de Judge Dredd, scénariste de La Grande Guerre de Charlie, il est aussi le papa d’un héros typiquement british, Bill Savage, qui aura traversé trois décennies fusil à pompe à la main. Depuis sa naissance en 1977, il n’a cessé de revenir sous la plume de Mills. La dernière fois, c’était en 2004 et c’est cette itération que l’on découvre aujourd’hui en français dans un épais recueil.
Bill Savage y est toujours ce résistant déterminé luttant contre l’occupant russe, dit « volgan », dans une Angleterre alternative défaite et abandonnée par ses alliés. Mais il est cette fois beaucoup plus énervé que par le passé. Véritable machine de guerre, dépourvu d’empathie, Savage se comporte désormais en Punisher (le design de la couverture fait figurer de manière ambigüe l’emblème des volgans, un crâne stylisé directement piqué sur le T-shirt de Frank Castle). Pat Mills dit dans l’avant-propos s’être inspiré des témoignages de vraies victimes de la guerre et de l’occupation notamment dans les Balkans, pour étoffer le background de son histoire. Background pourtant quasi-inexistant à l’arrivée, l’accent étant mis exclusivement ou presque sur l’action et l’ultra-violence. Impossible de se raccrocher ici ne serait-ce qu’à un seul protagoniste et surtout pas à son personnage-titre. Mais le noir et blanc maîtrisé de Charlie Adlard devrait à lui seul contenter les amateurs de récits brutaux. C’est en tout cas ce sur quoi mise sans doute Delcourt, qui sait l’attachement des lecteurs français à son travail sur Walking Dead.
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