Scary Godmother
Après le splendide Bêtes de somme, Delcourt publie un autre ouvrage d’une grande dame de l’illustration américaine, Jill Thompson. Elle revisite ici la fête d’Halloween à travers cinq histoires réussies – et un joli carnet de croquis. La petite Hanna est apeurée par sa première expérience d’Halloween comme une grande. Accompagnée de son cousin et de comparses, elle va se rendre compte que les monstres peuvent se révéler des êtres très fréquentables, et même devenir des amis.
Au départ, le cadre surprend. Entre le comics et le conte pour enfants illustré, les bulles et les cases sont bien là, mais doivent partager la page avec des descriptions écrites qui peuvent sembler faire doublon avec les phylactères. Pourtant, c’est cet alliage surprenant qui permet deux lectures à cet ouvrage. Si l’histoire est racontée aux enfants, on s’appuiera sur les passages narratifs – les adultes pourront les laisser de côté s’ils la lisent seuls. Ingénieux. Tout comme l’intrigue de ces histoires qui voit Hanna s’affirmer de plus en plus à chaque Halloween, jusqu’à remplacer sa terrifiante marraine dans la préparation de la fête, sa grande mission annuelle.
Truffé de petites inventions (l’esprit-cerie et le pôle emploi des fantômes, entre autres), le récit glisse et les pages filent agréablement. Si le scénario est une réussite certaine, c’est le dessin de Jill Thompson, qui avait notamment collaboré à Wonder Woman chez DC comics, qui nous emporte réellement – elle a d’ailleurs été récompensée pour son travail graphique sur cette série par un Eisner Award, en 2011. Véritable virtuose de l’aquarelle lunaire, son livre mérite le détour rien que pour les nuances de gris de l’envol spectral des esprits. Le premier volume de la série, paru aux États-Unis en 1997, est devenu un tel succès qu’il a été adapté en dessin animé. On aurait tort de ne pas vous conseiller d’adopter cette marraine, terrifiante peut-être pas, mais épatante, c’est certain.
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