Scott Pilgrim, film-BD-jeu vidéo, étendard de la génération geek
Scott Pilgrim vs the World, l’adaptation de la bande dessinée de Bryan Lee O’Malley, est sorti ce mercredi 1er décembre sur les écrans français. Et, dans son genre, c’est une enthousiasmante réussite !
L’histoire est à la fois simple et loufoque. Scott est un jeune adulte désoeuvré, ou plutôt un grand adolescent de 22 ans qui peine à se remettre d’un terrible chagrin d’amour. Il est bassiste dans un groupe de rock qui rêve de reconnaissance, et adore jouer à des jeux vidéo de baston avec sa copine lycéenne (qu’il n’a jamais embrassée). Et c’est là que Ramona Flowers débarque, une intrigante et irrépressiblement attirante jeune femme aux cheveux roses (puis bleus, puis verts…). Pour pouvoir sortir avec elle, Scott devra battre ses ex-petits amis maléfiques !
Très fidèle à la BD du Canadien Bryan Lee O’Malley, le film d’Edgar Wright est à la fois un bel hommage aux jeux vidéo et aux comics, et un formidable film générationnel. Il faut dire que, après son film de zombies parodique Shaun of the Dead et sa désopilante action comedy policière Hot Fuzz, le réalisateur est un épatant représentant du monde des geeks. Dans l’univers familier de Scott Pilgrim, il s’en sort à merveille.
Dès les premières secondes, le logo Universal en pixels, avec une musique tout droit sortie d’une GameBoy, donne le ton. Le film se déroulera comme un jeu vidéo. Le héros se trouve dans une situation de départ peu enviable, et doit surmonter différentes épreuves pour franchir les niveaux et atteindre le but de sa quête: devenir quelqu’un de meilleur, acquérir la reconnaissance de ses pairs, et emballer la fille. Le tout ponctué de combats contre des ennemis redoutables, jamais avares de coups bas. Esthétiquement, on retrouve incrustés dans l’image les éléments visuels propres à l’univers vidéo-ludique, tels que les barres de vie ou de pouvoir (ou de vessie pleine, ici), les points et les pièces qui jaillissent des cadavres des boss terrassés et même les vies supplémentaires en cas d’échec; et aussi des onomatopées, plutôt empruntées aux comics. En cela, Scott Pilgrim s’adresse essentiellement à ceux qui ont grandi en jouant à Mario, Zelda et Double Dragon sur les consoles 8 et 16-Bit (aaah, la Nes…), aux garçons qui ont eu tant de mal à séduire les filles avec leur T-shirts bizarres et leurs discours abscons (l’origine de Pacman, c’est pas très sexy) et à tous ceux et celles qui ont tâtonné pour leurs premières galoches en écoutant Nirvana trop fort.
Oeuvre générationnelle donc, mais peaufinée dans les moindres détails pour dépasser la simple potacherie rock’n’roll – même si le combat final est un peu longuet. Les blagues (excellentes) fusent, le montage est lui-même drôle et malin, et les acteurs s’en sortent plutôt bien. Michael Cera (Supergrave, Juno, Be Bad…) est évidemment parfait dans le rôle de l’éternel ado qui a peur des filles, mais ce sont surtout les méchants qui brillent, avec des costumes et maquillages franchement fun (notamment Brandon Routh et Jason Schwartzman).
Si vous faites partie de la cible décrite ci-dessus, n’hésitez pas et foncez voir Scott Pilgrim. Et ne tardez pas trop, car, après avoir essuyé un gros revers aux États-Unis (47 millions de dollars engrangés, contre 70 investis – moins mauvais que Jonah Hex, mais ça fait mal quand même), le film n’est distribué que dans quelques dizaines de salles en France et doit lutter contre des poids lourds comme Harry Potter ou le nouveau Disney…
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Scott Pilgrim.
Un film de Edgar Wright.
Avec Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Jason Schartzman, Kieran Culkin, Chris Evans, Brandon Routh…
1h52, en salles depuis le 1er décembre 2010.
Scott Pilgrim.
Une BD de Bryan Lee O’Malley. Trois tomes (sur six) disponibles en VF chez Milady Graphics (lire la critique du tome 1 ici).
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Photos © Universal Pictures International France
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