Sélection BD érotiques #16
Après une première sélection 2017 qui a réchauffé votre hiver, voici un nouveau choix de BD érotiques aux couleurs printanières (réalisé avec M.Ellis). Avec pas mal d’humour et de belles signatures.
Sous les étoiles
Encore une jolie trouvaille de la collection Erotix des éditions Delcourt. Car les récits de l’Italienne Laura Scarpa, publiés dans la revue Blue dans les années 1990 et 2000, valent franchement le détour. Surtout parce que le sexe, qui a beau être au centre de ces 17 histoires courtes, n’y est jamais vulgaire ni hors norme, comme dans trop de BD pour adultes. On y croise des couples adultérins mais aussi de jeunes parents, une chômeuse tentée par le téléphone rose et une ado qui se raconte des histoires, des nudistes et des voyeurs, mais toujours dans une ambiance douce et sensuelle. Avec un texte élégant et un noir et blanc plus proche de la BD indé que de la production porno-réaliste classique, Laura Scarpa se joue des clichés du genre (légumes, sexe à l’église, virginité…) dans une fibre très littéraire. Un album qui pourra donc séduire au-delà des amateurs purs et durs de l’érotisme dessiné, et qui fera passer une belle nuit Sous les étoiles.
Par Laura Scarpa. Delcourt/Erotix, 16,95 €, février 2017.
La Déesse #2
Voilà une autre oeuvre au féminin, imaginée par deux Françaises, la scénariste Katia Even et la dessinatrice Nephyla, formée à l’animation et vue dans les magazines Lanfeust Mag ou Wakfu notamment. Après un premier tome qui a rencontré un joli succès, leur Déesse revient pour une deuxième aventure, toujours coquine. On retrouve Nanna, talentueuse calligraphe, connectée avec des divinités anciennes via ses dessins. Ce qui la panique pas mal, mais moins que le fait qu’elle ne parvienne plus à dessiner comme avant. Elle part alors en vacances sous les tropiques avec son mec et deux copines, mais la malédiction la poursuit. Certes, La Déesse ne va pas chercher bien loin côté scénario, gentil prétexte à des scènes de câlins dynamiques. Mais l’atmosphère générale est à l’humour et à la légèreté, et il faut bien concéder que la naïve héroïne et ses rondeurs marquées ne manquent pas de charme. Une petite fantaisie amusante, porté par un graphisme moderne et jeté, plus convaincant sur les courbes féminines que sur la musculature masculine, un peu trop raide (et pas seulement au bon endroit)… Une piste à développer pour la suite !
Par Nephyla et Katia Even. Tabou, 15 €, février 2017.
L’Éjaculation sentimentale
Sacha, P’tit Louis, Théo ont rencard avec Papillon. Le type doit leur filer coke et LSD en vue d’une soirée orgiaque. Oui mais voilà, les keufs débarquent au moment de la transaction. Même pas le temps de snifer un rail, les voilà au poste où ils croisent la charmante gardienne munie d’une fière matraque et d’abdos à couper du bois. P’tit Louis le puceau n’en peut plus et mate la scène sans agir. Il a pourtant très envie mais une petite voix le hante… Avec ce titre ravageur, on attendait beaucoup du quatorzième opus de la collection BD Cul des Requins Marteaux, avec Wassim au crayon. Mais on en ressort plutôt frustrés ! Notre trio adolescent s’embourbe dans une fête cauchemardesque et Louis entend une voix qui le presse de se lâcher enfin, jusqu’à un final gore-bizarre. On suit leurs aventures en souriant face à des parties musclées ou des scènes incongrues (ah le B’zou D’bite !) mais sans grand enthousiasme non plus. Certes ça fourre au commissariat, à deux ou trois, et Louis se libère enfin après avoir tranché dans le vif. Une vie d’adulte, apaisée, s’ouvre à lui. Malgré sa petite trouvaille maline (deux narrations se superposent), on doit se contenter d’aventures un peu plates, qui s’effacent derrière la jolie quête initiatique du P’tit Louis, aux relents bibliques. On préfèrera, dans un autre style mais dans la même collection, le récent Bite Fighter d’Olivier Texier.
Par Wassim. Les Requins Marteaux/BD Cul, 12 €, février 2017.
Dark Divas – Pin-up Collection
Pour cet artbook, tout est dans le titre. Des pin-up, en noir et blanc, avec parfois une touche de rouge ou de rose. Vénéneuses à souhait. Elles sortent de l’imagination, sans doute un peu obsessionnelle, de Nik Guerra. Un auteur italien remarqué notamment pour sa reprise du personnage de Magenta, dans le chouette Bienvenue en enfer. Dans ce volume souple au format de grand comics, les portraits de la même femme à la choucroute noire et au regard perçant (elle louche un peu, non?) s’enchaînent, dans différentes positions et petites tenues, option cuir et porte-jarretelles. Assise, debout, couchée, en pied ou en gros plan, on la détaille sous les coutures. Le travail de Nik Guerra est virtuose, mais tout de même un peu lassant. Mais quelques mises en scène sanguinolentes dopent l’intérêt, tout comme le cahier graphique où l’on peut apprécier les beaux crayonnés du maître, finalement plus spontanés et moins caricaturaux que les versions encrées. Il reste toutefois un ouvrage de bonne facture, pour amateurs de pin-up qui ont du caractère.
Par Nik Guerra. Graph Zeppelin, 30 €, février 2017.
Kamasultra
On connaissait l’Italien Jacovitti par ses belles versions de Pinocchio et Don Quichotte, joliment traduites et éditées par Les Rêveurs. Les éditions i ont mis la main sur son interprétation du Kamasutra : une compilation de dessins érotiques et surtout tordants, agrémentée de textes potaches de Marcello Marchesi. Pas de récit ici, juste des images très cartoon, mettant en scène des hommes et des femmes très élastiques. Pas seulement dans leurs positions acrobatiques, mais aussi dans l’usage qu’ils font de leurs organes mêmes. Ainsi, les pénis, à mesure qu’on les étire, peuvent devenir escaliers, corde à sauter ou robinet. Et les seins, pareil. C’est délirant, très marqué années 70 (le projet ici exhumé remonte à 1977), mais c’est plutôt drôle malgré un côté assez répétitif. Une bonne nouvelle vient s’ajouter à ce joli volume coloré : il s’agit du premier d’une intégrale de l’oeuvre érotique de Jacovitti par les éditions i.
Par Jacovitti et Marchesi. Éditions i, 19 €, avril 2017.
Publiez un commentaire