Sélection Comics – The Unwritten
Nouveau rendez-vous sur BoDoï, la Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon, qui vous sortira de la routine super-héroïque. Premier coup de coeur pour The Unwritten, par Mike Carey et Peter Gross.
Imaginez que le fils de J.K. Rowling découvre à l’âge adulte qu’il est en fait Harry Potter, en chair et en os, pouvoirs inclus. Vous obtenez à peu de choses près le pitch follement excitant de The Unwritten, nouvelle série estampillée Vertigo, dont le premier tome vient de sortir en français chez Panini Comics.
Âgé d’une vingtaine d’années, Tom Taylor s’était toujours imaginé que son père s’était inspiré de son enfance pour créer le personnage de Tommy, jeune magicien héros de 13 romans adulé par la planète entière. Quand il comprend que les choses sont sans doute plus compliquées, sa vie jusque-là sans histoires bascule.
Tant mieux, car une vie sans histoires, quoi de plus triste ?, nous dit en substance le scénariste Mike Carey. Ce sont les mythes et légendes qui, assure-t-il, font tourner le monde, aussi bien ceux façonnés par les Grecs de l’Antiquité, que ceux imaginés aujourd’hui par un auteur de best-sellers pour enfants ou encore ceux alimentés par le premier internaute venu, participant sur les forums à la circulation des rumeurs. Au cours de sa quête d’identité, Tom Taylor va découvrir l’existence d’une étonnante et ancestrale conspiration qui sait tout le pouvoir des mots, y compris littéralement, via un mystérieux méchant capable de réduire ce qu’il touche en une bouillie de lettres. Belle idée. Et Mike Carey n’en manque pas. Pas le dernier des conteurs venus, il a signé chez Vertigo la série Lucifer (spin-off de Sandman) et un gros run sur Hellblazer. Formé à bonne école, il partage avec ses compatriotes britanniques Neil Gaiman, Alan Moore ou Peter Milligan une même aisance à mettre en place un univers très personnel en mêlant réalité et fiction, figures connues et pures créations… Même si le plus proche parent de The Unwritten reste le Fables de l’Américain Bill Willingham, à côté duquel il mérite d’être rangé au rayon fantasy littéraire de la bibliothèque Vertigo.
Car Carey et, au dessin, son vieux complice Peter Gross, ne se laissent pas dépasser par l’ampleur de leur saga. Leur fascinant patchwork de styles et d’influences, qui fait autant songer à Jorge Luis Borges et Thomas Pynchon qu’à Clive Barker ou Jasper Fforde, ne perd jamais son caractère ludique. Les auteurs n’oublient pas de se moquer de la célébrité (le plus volatil des mythes), du monde de l’édition ou encore des médias, tandis que les niveaux de narration se superposent entre extraits des aventures du petit Tommy, coupures de presse, débats télévisés et pages web. Tout cela regorge de clins d’œil, frise le pastiche (d’Harry Potter bien sûr, même si les auteurs clament qu’ils se sont surtout inspirés du Books of Magic de Neil Gaiman, sur lequel Peter Gross officia comme scénariste) et culmine dans un dernier chapitre qui fait franchir à la série un palier. Mike Carey y convoque de belles guest stars qu’on vous laisse découvrir. Leur utilisation est un modèle d’intelligence, et libère en outre radicalement la mise en page jusque-là assez sage de Peter Gross.
The Unwritten s’impose dès ce premier volume comme une des séries les plus prometteuses du moment, un de ces bouquins que les Anglo-saxons qualifient joliment de « page turners », tellement accrocheurs que leurs pages se tourneraient presque d’elles mêmes. Comme par magie.
Guillaume Regourd
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The Unwritten #1.
Par Peter Gross et Mike Carey.
Panini Comcis (DC Vertigo), 13 €, février 2011.
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