Sex in the Comix, un documentaire sur la BD érotique
Vos premiers émois, vous les avez sûrement connus en piochant sur les étagères du haut de la bibliothèque de vos parents. Aujourd’hui, la bande dessinée érotique ne se cache plus, comme le montre Sex in the Comix, un documentaire de Joëlle Oosterlinck qui fait un tour d’horizon sur le genre.
Dans un décor plutôt bien animé, la dessinatrice Molly Crabapple nous sert de guide en immersion dans les cases. On découvre en premier lieu la BD 100% érotique dans des dimensions totalement opposées : Milo Manara et ses déesses inspirées de la Renaissance, les plantureuses bonnes femmes de Robert Crumb, ou l’érotisme macabre et grotesque de Suehiro Maruo. Vient ensuite la jeune garde : Aude Picault qui montre le désir vu par une femme dans son album Comtesse, et le jeune Bastien Vivès qui laisse entendre qu’il a commencé à dessiner pour s’exciter. Un ton potache qui dénote avec la finesse de son trait dans Les Melons de la colère…
Mais l’érotisme n’a pas toujours été qu’une affaire de fantasme. Confrontée à la censure, cette BD de genre s’est parfois faite militante, que ce soit pour les droits des homosexuels – avec les gays au trait léché de Tom of Finland ou ceux plus rigolos du dessinateur allemand Ralf König – ou pour la condition de la femme : lors de l’âge d’or de la BD underground, Aline Kominsky, Madame Crumb à la ville, n’hésite pas à se représenter sur un siège de toilettes, ou en train de se masturber. Aux oubliettes les manières !
Aujourd’hui, le sexe dans la BD n’est plus tabou : Zep le combine à l’humour dans Happy Sex. Pour Alison Bechdel, ce n’est qu’une partie de la vie quotidienne dans Fun Home. Sans oublier que Fraise et chocolat d’Aurelia Aurita ou Lost Girls de Alan Moore et Melinda Gebbie sont des best-sellers.
Sex in the Comix achève de montrer la supériorité de « simples traits sur le papier » (dixit Crumb), qui permettent de faire fonctionner son imagination, sur les photos ou vidéos pornos pourtant disponibles partout. Mais, avec son regard de biche et sa voix de velours, Molly Crappable a beau être charmante, on regrette qu’il faille (encore) se servir d’une femme-objet pour démontrer que les clichés sont enterrés…
Amandine Schmitt
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Sex in the Comix.
Documentaire de Joëlle Oosterlinck (France, 2011, 52 min)
Disponible sur la plateforme Arte+7.
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C’est « Crabapple », pas « Crappable ». Pas sûr que le deuxième mot ait une résonance sympathique en anglais ^^;;
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C’est « Crabapple », pas « Crappable ». Pas sûr que le deuxième mot ait une résonance sympathique en anglais ^^;;
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