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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | December 23, 2024















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Les + du blog BoDoï : JOANN SFAR 1/4

24 avril 2006 |

Sfar : « Merci, Google, pour les courgettes ! »

BD_95P.jpgNon, Sfar ne dit pas tout dans BoDoï 95 sur La Vallée des merveilles, son dernier bébé (à paraître chez Dargaud) dans lequel on le découvre en homme préhistorique entouré de toute sa petite famille. Ni sur le succès des séries Donjon (Delcourt). Ni sur le prochain Olives noires, dessiné par Guibert, qui va faire le poids. Ni sur son point commun avec Marilyn Monroe. Heureusement, il y a le blog BoDoï…

JPF

1/4 épisodes à suivre

Dans BoDoï 95, vous dites admirer encore le film Conan le barbare de John Milius. Pourtant cette histoire d’un esclave qui devient musclé comme Schwarzy en passant sa jeunesse à tourner une roue n’est pas crédible une seconde !Schwarzi en Conan
Vrai, mais je m’en fous ! Vous connaissez le point commun entre Conan et mon personnage de La Vallée des merveilles ? Ils n’ont ni rasoir ni barbe. Ça non plus ce n’est pas crédible. Et alors ? Je ne renie pas James Earl Jones, le méchant qui parle avec la voix de Dark Vador dans La Guerre des étoiles. Et je continue à écouter la musique de Basil Poledouris, tellement elle me rend fou ! C’est débile, mais j’aimais bien. Le film s’ouvrant sur une phrase de Nietzsche, on peut même faire semblant de croire que c’est de la philosophie.
Autre chose d’une belle drôlerie. Les deux hommes de main du méchant sont des mecs assez connus dans le milieu du hard rock. Les autres barbares sont habillés de manière assez crédible sauf ces deux-là qui semblent sortir d’un concert ! En revanche ne me demandez pas ce que je pense des tas de sous-Conan complètement loupés qui ont fleuri dans son sillage. Genre Dar l’invincibleConan vu par Sfar

Laissez-vous quartier libre à vos coloristes ?
J’adore travailler avec Brigitte Findakly, son travail sur Le Chat du rabbin est extraordinaire. Pour La Vallée des merveilles, je lui ai fichu une paix encore plus royale que d’habitude, après lui avoir simplement dit : « Je vois ce livre en noir et blanc, donc, pour la couleur, tu te débrouilles ». Elle a réalisé un travail éblouissant auquel je n’ai rien changé. Ses couleurs semblent évidentes, mais elles donnent une allure super étrange, tout le contraire de photographies. On y croit. Le jour, il fait chaud. La nuit, on a peur.

Vos barbares parlent comme nous.
On n’a pas de lexique précis des langages préhistoriques ! J’imagine qu’ils faisaient largement autant de blagues que nous. Une des raisons qui m’ont poussé à écrire cette histoire est une réaction à un livre que j’ai détesté. Un Anglais y racontait ses voyages dans des endroits super dangereux au siècle dernier. Dont un en Amazonie. Il faisait preuve d’un ton super méprisant vis-à-vis des indiens, ces cons qui ne savaient pas utiliser un fusil, qui le suivaient partout, n’arrêtaient pas de faire des blagues et de se marrer comme de vrais gosses. Je nous ai imaginés, mon copain Fabien et moi, regardant ce couillon avec ses porteurs, et nous foutant de lui toute la journée.

Les kamikazes, le tsunami, des sujets d’actualité affleurent dans La Vallée des merveilles.
J’essaie de les traiter simplement. Quand les auteurs d’Astérix démontent la loi du marché en rigolant, ça m’intéresse cent fois plus que d’entendre un ultra-mondialiste discourir en se prenant très au sérieux. Goscinny avait tout compris. Ça ne l’empêchait pas de vendre des livres. En lisant Astérix, je me dis que Goscinny a dû beaucoup s’emmerder sur les bancs de l’école mais qu’il a quand même enregistré pas mal de trucs. Pour moi, les Astérix sont des BD de bons élèves qui se sont fait chier à l’école. Si La Vallée des merveilles est comprise par davantage de gens que mes autres BD, tant mieux. Astérix, on le lit tout petit, puis, grand, on y découvre d’autres trésors. Si La Vallée pouvait marcher ainsi, je serais content.

L’air de rien, vous montrez comment des chasseurs et cueilleurs vont devenir cultivateurs, puis sans doute éleveurs.
Bien sûr. J’aime les sciences humaines même si je n’y connais rien. Je suis fasciné lorsque j’entends le papa de ma femme, ethnosociologue, parler des civilisations du cuit, du bouilli. J’utilise ces idées, mais sans aucun savoir. Et au premier degré. Je me souviens d’un livre qui a eu un énorme succès, Comment j’ai mangé mon père, de Roy Lewis. Il ne m’a pas fait rire parce qu’il était au second degré, on sentait qu’il était écrit par un scientifique. Je veux rester au premier degré.

Extrait de La Vallée des merveilles
Dans le deuxième Vallée des merveilles, je montrerai un jacuzzi. Mon personnage ne voudra pas quitter sa grotte parce qu’il y a au fond un bain bouillonnant et qu’il ne peut plus s’en passer.

Votre seule docu a-t-elle vraiment été un bouquin d’occase sur le Kenya acheté chez Boulinier ?Esprit des anciens et Peupeu singe
Oui, mais il y a aussi Google. Quand j’ai voulu donner vie au mandrill, le singe en peluche de ma fille, j’ai tapé « mandrill » sur Google et trouvé tout ce qu’il me fallait. Quand j’ai voulu dessiner des courgettes en pied, j’ai tapé « courgettes » sur Google. Faut dire que mes amis s’étaient moqué de moi. J’avais dessiné une petite fleur de courgette ridicule. Mais moi, des courgettes, je ne connaissais que les beignets de fleurs ! Merci Google ! Ce matin, pour mon Klezmer #2, chez Bayou, la collection que j’anime chez Gallimard, il me fallait dessiner un camion russe de 1900. Introuvable, même sur Google. Je suis tombé sur un autobus américain de 1900. J’ai juste enlevé la marque.

Content de votre couverture qui fait aussi la couve de BoDoï ?
C’est aussi bien dessiné que du André Juillard, non ? Je ne sais pas comment j’ai réussi à faire ça ! Je m’y suis repris à dix fois. Je voulais que le personnage tienne debout et il n’arrêtait pas de tomber. Mon plus gros problème fut l’expression de son visage. Je ne voulais pas qu’il ait l’air trop couillon, ni trop fier de lui et qu’il porte un regard tendre pour sa gamine, mais sans être mielleux. Je me suis tué sur ce dessin !

La suite (2/4)
:
Comment Sfar travaille ses albums ! Et aussi, comment un éditeur explique à son auteur qu’il ne peut pas montrer les couilles de son héros à tout bout de champ, de manière diplomatique ! Et peut-être, Sfar révèlera-t-il le mystèrieux point commun qui le lie à Marilyn Monroe…

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