Shit is real
Selma déprime. Elle n’a plus de boulot, son mec l’a larguée comme une vieille chaussette. Et sa meilleure copine Yumi n’est pas très à l’écoute, trop investie dans sa propre histoire d’amour. Elle traîne son spleen dans une ville ultra-connectée et propice à la solitude, jusqu’au jour où elle tombe sur la carte magnétique ouvrant la porte de sa voisine, une fille hyper à la mode et toujours en voyage qu’elle épiait parfois par un trou dans le mur. Selma va s’installer chez elle et donner un nouveau souffle à sa vie.
Aisha Franz avait déjà séduit avec sa chronique du quotidien d’une mère et ses deux filles, Petite Terrienne, et son polar faussement naïf, Brigitte et la perle cachée. La revoilà, encore plus mature et inspirée, dans une romance de science-fiction, qui lui offre une nouvelle occasion de brosser un beau portrait de femme. Mais pas seulement. Car elle échafaude un récit oscillant en permanence entre l’intimiste et l’onirique, quitte à perdre un peu son lecteur, avec des séquences de rêve ou de cauchemar suffocantes et vertigineuses, révélatrices évidemment du tourment de son héroïne. On pense à Blutch, parfois, pour la bizarrerie des situations, ou à Yûchi Yokoyama (La Salle de la mappemonde) pour le monde futuriste, à la fois utopiste et inquiétant, mêlant géométrie, transparence et abstraction. En effet, Shit is real n’est pas une comédie romantique, mais bien un conte un brin dépressif sur la solitude et la place de la femme dans les villes contemporaines. Qui garde toutefois un peu de hauteur avec son sujet, le temps d’une respiration poétique, d’un gag ou d’une simple belle image. Aisha Franz maîtrise tous les codes de la bande dessinée et son trait au crayon léger lui offre une large palette de possibilités, qu’elle exploite idéalement. Si ce n’est déjà fait, il est plus que temps de découvrir cette jeune auteure allemande.
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