Sin Titulo
Alex Mackay, jeune homme sans histoire, apprend la mort de son grand-père. Il se rend à l’hôpital où on lui remet ses effets personnels, dans lesquels il découvre alors une étrange photo : le vieil homme, heureux, assis à côté d’une jolie blonde; et inscrits dessous, des chiffres. Intrigué puis obsédé, Alex va mener l’enquête. Le début d’une descente aux enfers qui l’aspire dans une immense faille, entre souvenirs refoulés, réalité violente et fantasme total…
Récompensé par un Eisner Award (meilleur webcomics 2010), Sin Titulo a d’abord été publié sous forme d’épisodes courts sur la toile. Six ans de travail pour confectionner ce thriller labyrinthique en forme d’expérience limite, qui donne moins à comprendre qu’à ressentir le cheminement de l’acteur principal (psychotique?), hanté par des secrets de famille que cristallise le tableau d’un arbre planté au milieu d’un désert de sable. En quête de réponses, il dégringole dans une réalité étrange, violente et irrationnelle, perd tout repère puis éprouve le sentiment de dépossession lorsque les traumatismes du passé resurgissent.
Pour semer le trouble, l’auteur orchestre un jeu de pistes vertigineux, emmêle récits et personnages, lieux et identités, superpose les temporalités et multiplie les situations flippantes. En ressort une mise en scène serpentine qui plonge le lecteur dans un tourbillon de questions. Curieusement, l’intrigue tient jusqu’au bout des 160 pages car l’arbre et la plage n’ont pas livré tous leurs secrets. Et malgré des baisses de rythme ou des explications finales alambiquées, Sin Titulo, proche dans l’esprit des films de Lynch, reste surtout original et ambitieux, offrant une expérience dérangeante au cœur de la psyché humaine qui repose – c’est là sa force – sur un mystère insaisissable. Seule condition pour apprécier la BD et lui donner une cohérence : faire l’effort de s’y perdre.
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Je ne partage pas votre enthousiasme. Il y a quelque chose de séduisant, d’étrange, qui retient l’attention au début, mais que de faiblesses, par ailleurs.
Rapidement, ce ne sont plus des trous qui mitent le scénario mais une grosse béance qui ne cesse de s’amplifier, et les liens qui feraient sens, ou soutiendraient l’intérêt s’effilochent, à mon avis.
Le début me rappelle trop Fatale, de Brubaker, mais ce n’est peut-être qu’une coïncidence. A propos de coïncidences, les rencontres (avec le dessinateur, ou la voisine, qui rapporte le flingue, là on est dans le plus complet n’importe quoi) absolument pas crédibles, et puis les « inserts » mémoriels, mouais, je trouve qu’ils contiennent trop de clichés. Bref, quelques grammes d’originalité dans une mélasse d’incohérences et de déjà-vu ailleurs, en mieux (outre Brubaker, le choc dans le cimetière me rappelle 100 Bullets, et la scène de harcèlement sexuel, le film harcèlement).
Et pourtant, la première apparition du monstre était plutôt brillante, commme deux ou trois autres ressorts du scénario, mais trop de choses pêchent, à mon goût, pour que j’ai vraiment apprécié Sin Titulo. -
J’ai dit une sottise, Sin Titulo est antérieur à Fatale, au temps pour moi et ma référence bidon
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