En 2019, Edmond Baudoin et Mariette Nodet publient un premier ouvrage chez l’Association : La Traverse, volumineux (112 pages) échange entre deux traverseurs de montagne. Les voilà qui reviennent à leur collaboration pour un album d’un tout autre genre, bande dessinée de jeunesse (certains le classeraient en album) dont les pages peuvent très vite tourner, mais qui s’avèrent pourtant tout aussi riches.

C’est l’histoire de Solveig, une petite fille discrète qui vit dans une ville de grisaille et de bruit, qui ne va pas assez vite pour celles et ceux qui l’entourent et que, souvent, on oublie. Et un jour qu’elle regarde les feuilles et les arbres, voici que sa main disparaît et, petit à petit, tout son corps. Étrangement, la disparition n’est pas une catastrophe absolue, Solveig s’en va dans la nature et apprécie ce qu’elle découvre. Seulement, elle s’ennuie. Jusqu’à ce qu’elle croise un très vieux monsieur et sa chèvre qui, eux, semblent la voir…

Le récit est doux, joliment écrit, une histoire d’apprentissage de l’autre, d’adoption, comme il y en a beaucoup en littérature jeunesse : comme il en faut. Rédigé en lettres cursives, comme écolières, par le dessinateur, le texte dialogue à la perfection avec un dessin à la plume qui foisonne et rappelle combien Baudoin est aussi un grand auteur jeunesse, même s’il s’y est trop peu confronté. Au noir et blanc s’ajoute un bleu peint, un bleu particulièrement beau, manière contre-intuitive de matérialiser la disparition, qui se révèle particulièrement touchante et magnifie l’ensemble. Une vraie réussite à diffuser largement aux enfants, en espérant qu’ils la lisent à leurs parents.