C’est l’été, sous la constellation du Grand chien. Ce moment de liberté pour les enfants qui peuvent expérimenter par eux-mêmes, loin du regard des parents. Jouer à se faire peur, à faire peur aux autres. Aguicher, se moquer, rire, faire des choses interdites. Se frotter aux limites. Mais, quand approche l’adolescence, une fissure peut se créer entre ceux qui sont encore un peu enfants, et ceux qui se voient déjà grands. Un écart qui se matérialise parfois par des brimades et des humiliations.

Pour sa première bande dessinée, la Norvégienne Anja Dahle Øverbye conte ces moments où les enfants se sentent grandir, ont peur, et veulent s’affirmer aux yeux des autres. Et ce à travers quatre jeunes filles : la petite, introvertie, encore enfant ; la moyenne qui veut paraître plus grande qu’elle n’est ; l’ado, pas si mature en fait, et prompte à rabaisser les autres ; et enfin, plus tard, la plus petite, qui subira à son tour le harcèlement des deux premières. De son dessin tout au crayon, d’une belle délicatesse, l’auteure brosse des petites séquences simples et malaisantes, ces petits jeux bêtes et méchants typiques des enfants qui veulent faire les grands, dont on a honte après surtout quand ça va trop loin, mais qu’on n’osera jamais avouer. Tout est bien vu, distancié, comme la peinture de quelques gestes et regards déplacés de certains hommes sur les jeunes filles en fleur. On reste toutefois un peu sur notre faim, après un livre fort vite lu qui, s’il sonne tout à fait juste, manque d’un scénario plus étoffé pour convaincre totalement.