Sudestada
Georges est un sale type. Un détective argentin au coeur sec, qui semble se repaître du désarroi des autres, et jouir de fouiller leurs affaires poisseuses. Il n’a pas son pareil pour mentir, tromper, manipuler afin d’obtenir un nom, une adresse, et ainsi satisfaire ses clients — et son portefeuille. Les scrupules ne figurent pas dans ses gènes.
Un jour, un homme d’affaires tout aussi puant lui confie une mission : suivre sa femme, la chorégraphe Elvira Puente, dont l’emploi du temps lui échappe, et qu’il soupçonne tout simplement d’avoir un amant. Georges s’acquitte méthodiquement de sa tâche, filant sa cible en taxi, puis en bateau ; Elvira se rend dans une maison qu’elle a secrètement achetée, située sur un fleuve dans la banlieue de Buenos Aires. Fasciné, l’homme la voit danser dans l’eau, dans la boue, puis manquer de s’y noyer. Il la sauve, entamant ainsi avec elle une relation surprenante, évidemment basée sur le mensonge…
On avait admiré de l’Argentin Juan Saenz Valiente l’épatant Cobalt, scénarisé par Pablo de Santis. Il récidive ici seul, avec un polar moins fantastique, mais tout aussi accrocheur. Son trait se fait plus réaliste, rugueux, rendant parfaitement la laideur morale de son héros. Les trognes qu’il dessine suscitent difficilement l’empathie ou la compassion, mais la finesse de ses descriptions parviennent à restituer l’ambivalence des hommes. Sans l’absoudre totalement, il réussit à faire de son antihéros un être intéressant, pétri d’aspérités, et d’où finalement émerge un peu d’humanité. Un joli portrait, frémissant sous l’enquête.
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