La Vague est bleue, bleu Marine presque. Elle est prête à tout submerger, portée par l’exaspération et la peur des électeurs, qui voient en elle le moyen de tout nettoyer. De faire table rase d’un passé politique grevé par des élites suffisantes. Mais quand la Vague s’élève et s’apprête à gagner, l’espoir a disparu, c’est l’angoisse et la haine qui émanent d’elle. Et les pauvres citoyens sont terrifiés. Heureusement, Surfman est là.

C’était un petit livre à lire avant l’élection présidentielle, mais avant les législatives, ce ne sera pas du luxe. Dans ce court récit métaphorique et engagé (c’est rare), Jérôme Ruillier, remarqué notamment avec L’Étrange, invente un super-héros contre l’extrême droite, un type mystérieux qui balaye la vague de la violence soulevée par un courant politique populiste. Intelligemment, pour mettre en scène son petit poème graphique, il fait raconter l’histoire par un témoin, électeur de la Vague, sur un plateau de télé. Qui explique les raisons de son vote et décrit le soir de la victoire qui s’est transformée en cauchemar. Un procédé malin, qui permet de rester sur le plan métaphorique. Mais qui, bien entendu, ne prêchera que les convaincus (qui pourront aller coller l’affiche Surfman fournie dans le livre)… Toutefois, cette lecture pourra peut-être permettre d’aborder ces questions avec les plus jeunes et leur expliquer que ce n’est pas un super-héros dont on a besoin pour faire taire les extrêmes, mais bien d’une super démocratie.