Sylvain
Sylvain a fini par gagner. Par emporter la maman de Charlotte et Romane dans ses bras mortels. Sylvain, c’est le petit nom que les filles avaient donné à ce fichu cancer qui a laissé un énorme vide dans la maison. Mais il est toujours là pour Charlotte : une sorte de sphère visqueuse à tentacules, qui vient dialoguer avec elle quand elle se sent seule ou mal à l’aise. Incarnation de ses angoisses de petite fille qui devient adolescente, cette vision pèse sur son quotidien, elle qui ne peut se confier à son père qui déprime ou à sa grande soeur qui se coltine ses propres tourments…
Dans un style tout en rondeurs et en douceurs, où la peinture en niveaux de gris donne un aspect tantôt nostalgique, tantôt funèbre, Lucie Albrecht réussit à brosser une jolie évocation de l’adolescence, entre ses prémices avec le personnage de Charlotte et son ouverture vers le monde des adultes avec celui de Romane. La première doit affronter le collège, la piscine avec toute la classe et les premières règles. La seconde doit gérer son copain pas si sérieux et son choix d’orientation pour les études supérieures. Et au milieu, un papa fatigué et un peu dépassé. Car, évidemment, la question du deuil et de comment on l’appréhende quand on est un enfant est au centre de la BD. Réaliste et très sensible, cet album touche par sa sobriété et son absence d’emphase, grâce à ses petites trouvailles narratives et graphiques, qui emportent le lecteur sans jamais l’ennuyer. Un bel album, humble et sincère, accessible dès le collège.
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