Voilà une histoire de chevaliers qui sort des clichés et des sentiers battus. On suit ainsi un duo de chevaliers accompagnés d’une écuyer, qui écument les tournois afin de gagner leur croûte. Bien loin de l’image valeureuse et romantique qu’on accole bien souvent à ces combattants aux armures miroitantes et aux bannières chatoyantes: ici, ils se battent pour quelques pièces, qui financeront leur équipement et leur maigre pitance, de quoi survivre jusqu’au prochain tournoi. Voici donc Josselin, puissant chevalier aussi droit que naïf, et Jehan, femme grimée en homme et habile duelliste, plongés dans une période trouble où la violence fait loi.

Joli coup du duo Brugeas/Toulhoat (Block 109, Le Roy des ribauds, La République du Crâne…) avec ce nouveau projet qui plonge le lecteur dans un Moyen Âge rarement brossé, celui des tournois de chevaliers, peuplés de mercenaires et de combattants à la petite semaine, qui mettent leur épée au service du plus offrant. Le duo de héros fonctionne parfaitement, bien soutenu par le personnage de l’écuyer qui fait la transition entre les différents rangs (seigneurs, bandits…) et des dialogues enlevés. L’idée d’introduire chaque chapitre par une présentation à la première personne d’un des combattants rencontrés, avec un graphisme différent et très puissant, se révèle excellente, car elle dope un récit qui pourrait paraître, sinon, trop linéaire. Et le dessin de Ronan Toulhoat, élégamment illuminé par les couleurs de Yoann Guillo, est au diapason : un réalisme soigné, expressif et racé, toujours dans le mouvement et l’énergie. Un vrai régal de bande dessinée historique à grand spectacle.