Peintre sur porcelaine, Aoko Baba travaille de longue date dans un atelier de poterie situé à Hasami, une ville réputée pour être l’une des plus reconnues pour la céramique japonaise. Un jour arrive Tatsuki Manabe, un céramiste japonais de retour de Finlande pour retrouver du sens à sa pratique après avoir vécu un drame dont il peine à se remettre. Sa venue va bouleverser l’équilibre de la manufacture et le quotidien bien rangé d’Aoko.

Yuki Kodama avait déjà marqué les lecteurs qui s’étaient penchés sur ses rares œuvres parues en français, que sont sa série phare Kids on the slope et son one-shot Chiisako garden. Quel incommensurable plaisir de pouvoir lire une nouvelle œuvre de cette orfèvre des mots à la grande sensibilité. Mettant en scène cette histoire sentimentale adulte dans une petite ville située dans sa préfecture de naissance, Yuki Kodama laisse son scénario courir le long de l’intime et de la confession. Son trait s’approprie la blancheur de la porcelaine et des motifs bleus caractéristiques de la région avec une facilité déconcertante.

Terminée en 10 tomes au Japon, sa série est de celles qui prennent les lecteurs par la main et les mènent au cœur de l’émotion. En toute simplicité et avec une économie de moyens graphiques rappelant l’école de la ligne claire, Yuki Kodama en dit beaucoup en quelques regards, attitudes et situations. Appuyée par une narration posée très douce et subtile, The Blue Flowers and the ceramic forest parvient à toucher juste sans avoir besoin d’être tire-larmes.

AO NO HANA UTSUWA NO MORI © 2018 Yuki KODAMA / SHOGAKUKAN – Traduction : Mathilde Vaillant