The Creep
Oxel Kärnhus est détective privé. Tenace, honnête, sensible. Car il n’est pas de ces enquêteurs brutaux et sans scrupules qui dépouillent leurs clients pour trois clichés d’adultère, ou qui cogne sur leurs indics pour pêcher des infos. Il est lui-même en souffrance, victime d’un syndrome nommé acromégalie, entraînant violents maux de tête, sudation extrême et surtout déformation du corps, sa tête et ses mains devenant géants année après année. Quand Oxel reçoit le courrier d’un ancien amour de lycée lui demandant d’enquêter sur le suicide de son fils et de son meilleur ami, il prend l’affaire très à coeur.
Le scénariste John Arcudi, qui s’est fait connaître avec Barb Wire et The Mask et anime les aventures du B.P.R.D. sous le haut patronage de Mike Mignola, rend ici hommage aux vieux récits de détective privé, mettant en scène un type luttant seul contre tous pour faire éclater la vérité. Une vérité que personne n’a envie d’entendre, évidemment. Mais il déplace, avec une jolie réussite, le thème polar dans le domaine du drame familial, la pègre et les activités criminelles étant absentes de cette enquête. Son héros solitaire et malade de vivre dans un corps qu’il ne reconnaît plus est parfaitement brossé et poignant, et ses relations avec les mamans des victimes ou avec les autorités sont finement décrites. Il manque toutefois peut-être quelques éléments dramaturgiques plus forts ou moins évidents pour faire décoller une intrigue fort simple et sans action. Car Jonathan Case a beau produire un dessin sobre, élégant et vivant, il ne peut faire exploser à lui seul un scénario qui multiplie les conversations téléphoniques (les couvertures des chapitres signées de maîtres comme Frank Miller, Mike Mignola, Toni Zonjic ou Ryan Sook laissaient augurer quelque chose de plus… polar!)… The Creep demeure toutefois un one-shot atypique et attachant, un modèle d’écriture efficace et sans fioritures.
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