The Weatherman #1
Tous les matins, sur une chaîne de télé locale, Nathan Bright en fait des tonnes pour essayer d’être drôle en annonçant la météo à venir sur cette bonne vieille planète Mars. Ce ne sont pas les envies de lui mettre des baffes qui manquent, à ce bouffon permanenté aussi crispant que Ruby Rhod, l’animateur à banane incarné par Chris Tucker dans Le Cinquième Élément… Des baffes ou même, de manière plus radicale, une balle entre les deux yeux ? Car pègre et police sont secrètement à ses trousses : ce que le présentateur lui-même ignore, c’est qu’il pourrait bien être en réalité le criminel le plus recherché du système solaire, coupable d’un attentat ayant coûté la vie à 18 milliards de Terriens des années auparavant. La cavale peut commencer avec, à ses côtés, l’agent spécial Amanda Cross, qui a juré de le protéger le temps de faire la lumière sur cette affaire.
Laquelle va les mener d’un bout à l’autre de la galaxie, sans le moindre temps-mort. Dans The Weatherman, il y a toujours un indice à localiser, un informateur à interroger ou un lieu à explorer pour tenter d’élucider ce qui est arrivé à Ian Dark, le terroriste qu’on accuse Nathan d’être, escamoté sous une opération de chirurgie esthétique et une amnésie bien pratique. On croit pouvoir souffler qu’un nouveau McGuffin devient enjeu de quête, un nouveau personnage haut en couleurs fait irruption, dans un déluge de bruit et de fureur. Ce pourrait être épuisant, mais jamais ce concentré d’action non-stop ne déraille.
Il faut créditer pour cela la mise en scène d’une précision redoutable de Jody Leheup (Shirtless Bear Fighter) et Nathan Fox (DMZ), ainsi que le dessin de ce dernier, sous forte influence Paul Pope, chirurgical sous ses airs brouillon. Les deux cocréateurs de la série donnent ici une masterclass en découpage : enchaînements et variations de plans toujours opportunes, habiles mise en regard du texte et de l’image pour changer de tempo… Jamais le regard ne s’égare dans la page et jamais le lecteur ne perd pied dans cette intrigue touffue à la Philip K. Dick qui rappelle Total Recall. En termes de rythme et de narration, on n’avait pas vu telle virtuosité depuis au moins Black Science et Tokyo Ghost. Et on n’invoque pas ces deux chefs d’œuvre récents d’action-SF à la légère. Bien parti pour s’installer durablement dans le paysage, The Weatherman débarque avec un grand Bang ! Comme un ouragan.
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