Trenchfoot
Inspirée des pulps et des comics d’horreur, la série de one-shots Doggybags s’enrichit d’un nouvel album. Dans Trenchfoot, pas de surnaturel, seulement l’enfer des plus bas instincts humains dans la crasse moiteur de Louisiane. Des instincts incarnés par Sid Widow, raté parmi les ratés, qui croit voir sa chance tourner lorsqu’il recueille un molosse sur le bas-côté de la route. Fini de trier les poussins et de broyer les mâles inutiles pour quelques malheureux dollars : Sid compte bien se faire du blé avec les combats de chiens. Comme quoi, l’enfer est aussi pavé de mauvaises intentions.
Par son côté grindhouse et sa volonté de rendre hommage à des genres forts mais clivants, Doggybags n’est pas vraiment destiné au plus grand nombre. Avec Trenchfoot, le public risque d’être encore plus réduit. Tout y est crade, poisseux, pisseux. Le monde de Sid est un monde de violence, de drogue et de mort, où les gens haïssent leur prochain presqu’autant qu’eux-mêmes. Un univers cynique et désabusé parfaitement illustré par Ghisalberti, dont les personnages trainent leur gueule cassée de coups bas en trahisons. Malgré un travail de la couleur assez incroyable, le parti pris graphique, là encore, risque de déplaire aux plus snobs. Et tant pis pour son efficacité.
Efficace aussi, l’histoire de Mud, tant cette plongée dans les bas-fonds de la Louisiane enchaîne les rebondissements à un train d’enfer. Sid Widow, anti-héros détestable, nous accueille dans son monde de paumés à coup de réflexions glaçantes et, pourtant, on se surprend à éprouver de l’empathie lorsqu’il met le doigt dans un engrenage qui le broiera comme un poussin mâle. À moins que…
Trenchfoot, c’est du sang, de la sueur, de la fesse plate et des pieds pourris. Un album qui fascine et tord le bide, mais qui se révèle plus profond qu’il n’y paraît.
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