Triton
Dès que l’on se penche sur la bande dessinée scandinave, on ne peut s’empêcher de louer sa vitalité et son originalité. Une antienne qui trouve encore confirmation avec Triton, premier livre du suédois Knut Larsson publié en France. Dessinateur de talent, Larsson ne lésine pas sur les perspectives étonnantes, les décors anguleux et les visages surdimensionnés. Ces principes graphiques, que l’on retrouve d’un chacune des quatre nouvelles du recueil, donne à l’ensemble une teinte volontiers expressionniste. Une impression renforcée par une édition soignée, présentant dans un beau format à l’italienne chaque case en pleine page, imprimant ainsi chaque image dans la rétine du lecteur.
La plupart des récits sont muets. Le seul qui s’appuie sur un texte – le brillant Hôpital colonial –, le fait de manière très sobre : une ligne sous chaque case. Un procédé chirurgical et solennel, qui amplifie l’ambiance angoissante convoquée par les dessins. On se glisse ainsi avec facilité dans d’étranges histoires d’enfant-poisson, de voyage vers le pays des morts ou dans le journal de bord d’un médecin chef de dispensaire perdu et condamné à la disparition.. S’il se lit rapidement, Triton est un de ces rares livres qui méritent d’être relus. Déjà puissamment poétique, il gagne alors en subtilité, en profondeur. Pour le premier livre d’un inconnu, c’est autant un coup de poing qu’un coup de maître.
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