Tropiques toxiques
Revenir dans sa Martinique natale, tel est le désir de Jessica Oublié. Mais à peine arrivée, elle est immergée au cœur d’un scandale sanitaire, environnemental et d’État. Produit phytosanitaire utilisé comme insecticide dans les bananeraies, le chlordécone est tenu responsable de la contamination des terres, des eaux et de la prolifération du cancer de la prostate. Accompagnée de chercheurs et d’acteurs locaux, Jessica Oublié tentera de répondre à l’épineuse question : comment vivre avec cette pollution ?
Dans cet ouvrage, les auteurs combinent leurs compétences afin de mettre en exergue le scandale du chlordécone. Pour ce faire, le récit est découpé en une douzaine de chapitres et alterne entre longues planches explicatives, schémas, et témoignages. Ici, le trait de crayon est simple, fin et léger, permettant de détailler les scènes. Les planches sont colorées et le découpage des cases dynamise le récit. Par ailleurs, le travail de vulgarisation passe par les nombreux portraits d’acteurs concernés, rendant tangible le quotidien des victimes du pesticide. Ainsi, Jessica Oublié, Nicola Gobbi, Katherine Avraam et Vinciane Lebrun, délivrent un récit aussi critique et touchant que révoltant.
Par leur travail de fourmis, ils donnent au lecteur toutes les clefs de réflexions possibles pour se forger un avis. Ainsi, ils remettent en perspective l’utilisation de pesticides ainsi que notre façon de concevoir l’agriculture. Seul petit bémol : le lecteur peut se sentir submergé par les informations complexes et accablantes. Une lecture séquencée permet de mieux saisir les enjeux et de les digérer. Entre aberration écologique et opportunisme économique, cette bande dessinée se veut être l’écho de l’action citoyenne. Et si un monde sans pesticide était possible ?
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