Un père vertueux
Un père et ses trois fils s’installent dans un petit village. À l’ombre d’un homme autoritaire, Bird, Twombly et Horn observent l’étrange manège d’hommes en noir se livrant à un trafic. Qui sont-ils ? Quel rôle joue leur père ? Entre premiers émois sexuels et cours à l’école, les enfants tentent de s’intégrer tant bien que mal…
Après Trois Fils, Ludovic Debeurme délaisse la peinture pour les crayons de couleurs, dans ce conte cruel faisant étrangement écho à notre actualité. À l’image de Trois Fils, Un Père Vertueux – flashback qui peut se lire indépendamment – sème le malaise à l’aide de grands dessins sans contour de case, d’un texte discret mais bien présent, et d’images symboliques ou fantastiques dans lesquelles les obsessions graphiques de l’auteur de Renée se déploient sans ambages : visages mortifères, bras démesurés, goût du secret, corps hybrides ou mutilés, disloqués ou martyrisés… Ludovic Debeurme fraye avec l’identité, le rapport au père et à la mère, la transition adolescente, la mort rédemptrice, le fanatisme religieux, dans un récit inquiétant soutenu par des ressorts freudiens. Ici, la douceur des crayons vient souligner la cruauté d’une figure paternelle, l’apparente tranquillité le chaos intérieur.
Anxieux, on plonge dès la première page dans cet univers si personnel, dont on ne sait au juste s’il s’agit d’un simple conte ou d’un rêve cauchemardesque dont on voudrait absolument s’échapper. Violente et obsédante, cette odyssée tire sa force d’une esthétique de la douleur aussi étrange que troublante. Difficile d’en sortir indemne.
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