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Une vie de moche

14 janvier 2020 |
SERIE
Une vie de moche
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
25 €
DATE DE SORTIE
02/10/2019
EAN
2501122429
Achat :

une-vie-de-moche1Le titre est un atout ou un repoussoir. Voulez-vous connaître le monde intérieur d’une femme qui se vit comme « moche » ? Pour ceux que cette question interpelle, l’angle est pertinent: Guylaine, l’héroïne dont le nom rime avec « vilaine », incarne une jeune femme qui démontre avec lucidité le véritable rôle de la beauté dans notre société.

Le parcours de ce personnage créé par François Bégaudeau montre comment ce sont d’abord les autres qui nous accolent une étiquette puis comment ce jugement est intériorisé au point de diriger une vie. En effet, l’enfant jugée fait siennes des phrases anodines pour renforcer sa conviction intime. Adolescente, elle va à la rencontre des marginaux qui refusent les valeurs dominantes de la société. Les années 80 entrent en scène avec la démultiplication des canons féminins dans les médias et, elle, elle attend. Finalement, elle tente de sortir de sa passivité pour rencontrer quelqu’un. Elle rencontre alors des lesbiennes mais sent que ce n’est pas ce qu’elle recherche. Sa non-sexualité imposée, sa solitude lui brise le cœur, le corps et l’esprit.

Cette BD suscite des émotions presque contradictoires. Au départ, on s’intéresse à la « cassure » de cette femme. On veut comprendre et on est à l’écoute de son témoignage. Mais, contrairement à une histoire classique, il n’y a pas d’embellie, pas de révélation intérieure. Le personnage stagne et s’obstine à souffrir, seule. On se lasse un peu de lire une vie de moche qui finalement est plutôt… une vie de chiante, une vie de « victime ». une-vie-de-moche2Vers la motié du livre, on réalise qu’on ne lit pas un authentique témoignage mais un récit fictionnel fait de choix d’écriture. La main de l’auteur prend le pas sur l’autonomie du personnage. On se sent trimballé ici et là, en passant par une petite critique de la société et une petite bouffée de théâtre. C’est intéressant mais un tantinet artificiel.

Le dessin, tout à l’encre et en lavis de Cécile Guillard est très agréable. Elle utilise un découpage vivant, varié, aéré. Pas spécialement original mais efficace.

Finalement, Une vie de moche est une œuvre qui a indéniablement du chien, mais qui déçoit un peu parce qu’elle révèle plutôt un archétype qu’un vrai cri du coeur.

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