Le scénariste Sylvain Ricard (Stalingrad Khronika, La Grande Évasion, Motherfucker, À la folie, Dom Juan…) a la bonne idée de se plonger dans le terrorisme d’extrême gauche des années 1980, celui de groupuscules radicaux et violents, qui n’hésitaient pas à donner dans les crimes de droit commun pour financer leurs opérations et faire parler d’eux. Braquages, attentats à la bombe, fusillade… En France, ce fut Action directe, dans le sillage de la Fraction Armée rouge allemande et des Brigades rouges italiennes. Ici, Sylvain Ricard s’en inspire et invente de toutes pièces une petite cellule révolutionnaire s’attaquant aux policiers, qui se fait infiltrer par un agent des Renseignements.

Le scénario est sobre et efficace et, soutenu par une intro détaillée sur le contexte politique de l’époque, permet de pénétrer le quotidien de cette Unité Combattante Trudaine, et de ses jeunes membres plutôt illuminés. Ou en tout cas aveuglés par une idéologie floue et la tentation d’en découdre violemment. Hélas, son portrait de ces apprentis terroristes et du jeune flic infiltré est beaucoup trop superficiel pour être convaincant. On n’apprend pas grand-chose d’eux, de leurs fêlures, de leurs aspirations. L’intrigue avance par à-coups au gré de leurs actions jusqu’à la tentative d’assassinat d’un haut fonctionnaire, qui les met sur la brèche de leur engagement. Mais au final, tout cela est très classique, dans une trame de polar prévisible. Dommage, car le sujet était palpitant et le dessin de Rica, au noir et blanc d’une rare puissance, parfaitement taillé à l’enjeu. Un album correct, mais sans plus, donc.

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