Par Dash Shaw. Çà et là, 12 €, le 16 mai 2009.

On avait découvert ce jeune auteur américain l’an dernier avec le volumineux et extraordinairement sensoriel Bottomless Belly Button. Dash Shaw revient ce printemps en France avec une oeuvre antérieure, plus courte mais déjà marquée par la volonté de chercher des voies narratives originales et de nouvelles façons de faire naître des émotions. Virginia met en scène une jeune femme en crise, complexée par son poids, obnubilée par la mort d’un ami d’enfance et confrontée à la maladie d’Alzheimer de sa mère.

Un livre qui ne respire pas la joie de vivre, donc, mais qui respire. Dash Shaw parvient en effet à capter avec grâce ces petits moments de l’existence, où l’espoir d’une vie meilleure côtoie la déprime naissante. Pour cela, il n’hésite pas à déstructurer la réalité, pour n’en retenir que les détails infimes qui disent tout. Les lèvres, les mains, le silence des regards, les corps qui s’emmêlent. Portée par un trait acéré tendant à l’abstrait et une bichromie rouge légèrement agressive, sa mise en scène complexe ouvre la voie à celle, encore plus ambitieuse, de Bottomless Belly Button. Ce petit ouvrage au format carré est enrichi d’un fascicule carré aussi, en bichromie verte, reprenant une autre histoire courte de jeunesse: Echo & Narcisse. Un récit poético-expérimental relativement accessoire par rapport à ce beau Virginia, oeuvre déjà fascinante d’un grand artiste naissant.

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