Virus #1
Un scientifique quitte son labo avec des secrets dans sa valise. Mais pas que. Il a laissé derrière lui un mort. Un collègue, victime du virus sur lequel ils travaillaient. Et voilà que ce virus, expérimental et hautement mortel, se retrouve, avec notre savant en fuite, sur un paquebot de croisière géant. Le gouvernement doit alors décider que faire face à cette ville flottante infestée et, a priori, perdue.
Solidement documenté (voir l’intéressant dossier en fin d’ouvrage), le scénario de Sylvain Ricard (Ni terre ni mer, Motherfucker, La Grande Évasion, Stalingrad Khronika…) fait évidemment froid dans le dos : car on sait que la recherche sur des souches pathogènes, à des fins de développement de traitements mais aussi – et ça, c’est moins officiel – d’armes biologiques, existe. Et on sait aussi qu’un accident ou une erreur humaine peut toujours arriver. Dès lors, le scénariste n’a pas besoin de grossir de beaucoup le trait pour livrer une fiction haletante et crédible, proprement terrifiante. Le découpage de ce volume (le premier sur trois) est pertinent, multipliant les points de vue, entre les passagers lambda de la croisière, l’équipe médicale rapidement dépassée, le savant en cavale, les autorités à Paris, les militaires en chasse. Et l’ambiance joue habilement du contraste entre la méga-fête se déroulant entre les ponts du paquebot et la maladie qui se répand de façon exponentielle. C’est là aussi que Rica donne au projet une ampleur rare : par son trait d’une grande maîtrise, entre réalisme précis (décors fouillés, détails nombreux, expressions recherchées…) et déformation subtilement grotesque dans les anatomies et les visages, le dessinateur de Chroniques de nulle part et Unité combattante Trudaine instille le malaise et l’angoisse. Ce Virus-là ne vous laissera pas indemne.
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