Il n’y a pas que les humains qui tombent malade, se blessent et ont besoin de réconfort. Dans la forêt, l’infirmière-taupe Raymonde se démène d’ailleurs tous les jours pour prodiguer les soins nécessaires à la bonne santé de chacun. Venus pour des raisons totalement différentes, Loup et Lapin vont être liés par le destin quand l’hôpital de la forêt sera attaqué par un chasseur : tous deux prennent la fuite, puis, sauvé malgré lui par la perfusion de Lapin, Loup se sent redevable et le prend sous sa patte le temps de son traitement de choc.

Un loup et un lapin en side-car en couverture, on est en droit de penser que nous sommes là face à une bande dessinée jeunesse tout ce qu’il y a de plus mignonne. Les premières pages laissent un doute : le trait, le ton et l’humour omniprésents accrocheront à coup sûr les enfants, mais ce road trip animalier est aussi celui d’un individu atteint d’une maladie grave obligé à se traîner une perfusion à longueur de journée, durant cinq longs mois de traitement de cheval… Pourtant, les craintes sont très vite levées. Jamais misérabiliste ou funèbre, cette bande dessinée décomplexée déploie bienveillance, légèreté et dérision pour dépasser tout ce qui pourrait nous retenir de mettre l’ouvrage entre des mains non aguerries.

Histoire d’une amitié peu commune, d’un combat contre la maladie et d’une traversée mouvementée, Voyage de malade est en réalité une expédition tout public qui saura parler à chacun grâce à ses différents niveaux de lecture. Les passages comiques, les séances d’actions, les moments d’émotions et les scènes inattendues s’alternent dans une rythmique adéquate pour divertir, émouvoir et maintenir l’attention. Une saine perspective pour inciter à l’écoute de l’autre et au respect de sa différence, tout comme une bien saine manière de parler des longues affections.

Traduction : Paul Derouet