XIII, une histoire sans fin ?
Vingt-quatre ans après les débuts du plus célèbre amnésique de la BD, Jean Van Hamme s’offre les services de Jean Giraud et livre l’identité de son héros. Sans exclure la possibilité d’une suite, toujours dessinée par William Vance…
Il aura fallu attendre dix-huit tomes pour connaître l’identité de XIII, et le suivant pour savoir s’il allait échapper aux tueurs lancés à ses trousses. Jean Van Hamme termine sur un coup d’éclat sa mission de scénariste de XIII, en publiant d’un coup deux albums* de la série.
« Tout jeu doit avoir une fin », affirme le slogan de ces derniers albums. Alors ça y est, c’est sûr, l’aventure XIII est terminée ?
Disons que c’est la fin de MON jeu. Rien ne dit qu’un nouveau jeu ne pourrait pas recommencer… Comme tous les dessinateurs avec lesquels je travaille, William Vance peut continuer la série même si je décide d’arrêter de la scénariser.
Cela va-t-il être le cas ?
Rien n’est signé. Mais William n’a pas envie d’arrêter. Un nouvel épisode de XIII est déjà écrit. Un autre scénariste, qui n’est pas un débutant mais dont je tairai le nom, a trouvé une excellente idée : pour relancer la question de l’identité de XIII, il inverse ce même principe d’identité.
Pardon ?
Je n’en dirai pas plus, faites marcher vos méninges…
Comment Jean Giraud est-il arrivé dans l’histoire ?
Yves Schlirf, mon éditeur, l’avait contacté sans me le dire. Un scénario dessiné par Giraud, ça ne se refuse pas ! Et tout s’est bien passé. Nous sommes partis en Irlande, où se déroule l’intrigue, avec nos épouses respectives. Jean ne connaissait rien au pays. Il découvrait totalement ce système quasi colonial, à croire qu’il ne lit jamais les journaux !
Quand avez-vous su qui votre héros était vraiment ?
J’ai hésité jusqu’à la dernière minute. In fine, deux possibilités étaient également plausibles.
Dans Le Dernier Round, vous vous amusez à faire la pub de La Version irlandaise et de L’Enquête XIII, couvertures à l’appui. « Vous faites votre petit marketing », dit même un présentateur télé au journaliste qui vient parler de ces livres. Une manière habile de désamorcer les critiques ?
J’aime à penser que je ne suis pas tout à fait maladroit… Je trouvais amusant d’ironiser là-dessus. Cette réplique montre bien que je suis tout à fait conscient de faire du business. Mais qui a dit qu’une opération marketing ne pouvait pas procurer du plaisir à la fois aux auteurs et aux lecteurs ?
Aucun regret d’abandonner XIII ?
J’ai bien fait une petite déprime post-natale pendant deux jours, mais je ne suis pas tourné vers la nostalgie. Je ne connais pas de plus grand sentiment de liberté et d’indépendance que celui qu’on a lorsqu’on quitte la compétition après avoir décroché une médaille d’or. Je déteste les gens qui font la course de trop. Le vrai chic, c’est de la quitter quand on est au sommet. Et n’allez pas me dire qu’une autre série réaliste a égalé le succès de XIII !
Quels sont vos projets ?
Je scénarise Rani, un feuilleton de huit épisodes de 52 minutes pour France 2. L’histoire d’une héroïne française du XVIIIe siècle, qui sera marquée à la fleur de lys. Si tout va bien, cette fiction à la Angélique, marquise des anges sera diffusée en 2009. On y trouvera de l’amour, des trahisons, de la vengeance… Je m’amuse comme un petit fou !
Et du côté de la bande dessinée ?
Je continue Largo Winch et Lady S. Et je prépare un one shot, Le Télescope, que j’ai ressorti de mes tiroirs. Paul Teng, le dessinateur de L’Ordre impair, le mettra en images. On y suivra les déboires de cinq sexagénaires qui rencontrent une superbe jeune femme d’une vingtaine d’années. Ils décident de se la partager, mais elle les épongera en six semaines. Cette histoire immorale sera publiée chez Casterman en 2009.
Pourquoi cet éditeur ?
Casterman manipule mieux le one shot que ses concurrents. De plus, je suis très copain avec Yves Schlirf chez Dargaud et Yves Sente au Lombard : si j’avais choisi l’un, l’autre m’aurait fait la tête. Et puis ça leur montre que je suis un homme libre !
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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#18 La Version irlandaise, avec Jean Giraud,
#19 Le Dernier Round, avec William Vance. Dargaud, 10,40 €, le 13 novembre.
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Photo © Rita Scaglia / images © Dargaud
Cet article a été publié dans le numéro 112 de BoDoï (novembre 2007).
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