Ys
Alors qu’il part à la conquête des terres du Nord poussé par une vision divine, le roi Gradlon tombe amoureux d’une reine magicienne, avec qui il s’enfuit. Mais quand celle-ci meurt en couche, le souverain de Cornouailles s’enfonce dans une mélancolie dont personne, pas même sa fille Dahud, n’arrive à l’en sortir. C’est finalement un certain saint Corentin, et sa nouvelle religion au Dieu unique, qui parviendra à raviver la flamme chez le roi vieillissant, ce qui n’est pas du goût de Dahud, devenue jeune femme et éprise d’idées progressistes…
Annaïg et Loïc Sécheresse (Hécate & Belzébuth, Heavy Metal) revisitent la célèbre légende bretonne de la cité engloutie d’Ys, en centrant leur (dense) récit sur le personnage de Dahud plutôt que sur son père. Symbole de la perversion et de la tentation dans le mythe original, la jeune femme est présentée ici comme un esprit libre, indomptable et en avance sur son temps, ce qui causera malheureusement sa perte, et celle de sa ville.
En plus de cet angle résolument féministe (et assumé comme tel), la fraîcheur qui émane de l’album est en grande partie apportée par son esthétique singulière, toute en formes ondoyantes et volutes charbonneuses évoquant l’océan, qui en devient presque un personnage à part entière, omniprésent tout au long de la lecture. Dès lors, guère étonnant que l’on se laisse emporter par cette belle et puissante interprétation qui, comme de nombreuses légendes, trouve facilement son écho à notre époque.
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