Par Jean-Claude Denis. Futuropolis, 16 €, le 23 août 2012.

Après avoir humé l’air du temps et les parfums entêtants dans Nouvelles du monde invisible, Jean-Claude Denis continue son voyage sensoriel au pays de l’impalpable et se penche cette fois sur les ondes électromagnétiques. Son héros, Serge, est un type d’apparence banale et triste ; mais c’est sans doute parce qu’il est hypersensible aux ondes, et que le plus discret téléphone qui sonne, le plus silencieux des micro-ondes ou le plus doux des éclairages urbains lui filent des migraines de tous les diables. En quête d’une hypothétique « zone blanche », qui serait suffisamment isolée pour être épargnée par les ondes, il a confié ses économies à un escroc qui s’est évaporé avec. Alors qu’il a retrouvé sa trace et se trouve prêt à se venger, il tombe sur une intrigante jeune femme qui a, elle aussi, des comptes à régler…

Ce one-shot tout en nuances et en subtilité démontre à nouveau le talent du futur président du Festival d’Angoulême 2013 à composer de bonnes histoires à partir d’idées simples. Avec des mots bien choisis, des dialogues drôles et délicieux, un dessin doux et immédiatement abordable, Jean-Claude Denis compose un faux polar en forme de fable moderne. Jouant souplement avec sa construction en flash-back, l’auteur de L’Ombre aux tableaux et autres histoires parvient à préserver son mystère, à bâtir des personnages crédibles (et pourtant terriblement romanesques), à évoquer les travers du monde d’aujourd’hui sans jamais parler comme un vieux con. Car Denis est plutôt un vieux sage, qui fait rire et sait susciter l’empathie. Et surtout dessiner des albums aussi plaisants qu’intelligents, tous publics, aériens, et qui, à défaut d’être révolutionnaires, sont ciselés avec une exigence de tous les instants.

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